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Les demandes de passage gratuit pour Madagascar (2)

Après un premier article sur les demandes de passage gratuit pour Madagascar à travers les dossiers des archives départementales du Gard, je publie un second article sur le même thème, mais cette fois, à partir des demandes conservées aux archives départementales de l’Hérault. 

Les dossiers de passage gratuit dans l'Hérault


Combien de dossiers dans l’Hérault ?

Ils sont conservées dans la série 6 M 844. Les dossiers vont de 1895 à 1902. Ils sont au nombre de 29, concernant 29 hommes, 15 femmes et 31 enfants soit 75 personnes. On peut constater qu'il y a deux dossiers de plus qu’aux archives départementales du Gard. Mais sur ces 29 dossiers, 6 ne seront pas examinés. Deux demandeurs sont partis sans laisser d’adresse avant la fin de l’étude de leur dossier, et pour les quatre autres, il n’y a aucune information nous permettant de dire que le dossier a été instruit.

Sur les 23 dossiers qui ont été instruits, 18 ont reçu un avis favorable et 5 un avis défavorable.

On peut faire une remarque sur les dossiers de l’Hérault. Les demandeurs sont concentrés dans les zones urbaines : 8 demandeurs habitent à Montpellier, la préfecture et la ville la plus importante du département, 8 autres demandeurs résident dans la ville et port de Sète, et 3 autres habitent dans la seconde ville du département, Béziers.

Quelles sont les caractéristiques des demandeurs ?

La moyenne d’âge des demandeurs est d’un peu plus de 37 ans. C’est trois de plus que la moyenne d’âge des demandeurs du Gard.

Les métiers liés au secteur agricole sont largement dominant dans les demandes. On trouve 5 journaliers et 4 agriculteurs. Plusieurs hommes sont encore très liés au milieu agricole. On trouve un charretier, un cantonnier et un domestique, qui peut soit travailler dans une ferme, soit travailler dans une grande maison.

Quatre demandeurs travaillent dans le milieu du chemin de fer. Nous trouvons un homme d’équipe au Paris Lyon à la Méditerranée (PLM). Un autre n’est qu’un simple journalier de la compagnie. Il doit se faire embaucher tous les jours pour gagner son salaire. Deux autres demandeurs travaillent comme « charretier à la gare » et comme « journalier à la gare »

Nous ne trouvons que deux ouvriers : un ouvrier boulanger et un ouvrier plâtrier, ainsi qu’un chiffonnier. Dans les professions plus commerciales, nous trouvons un boucher, un voyageur de commerce ainsi qu’un entrepreneur en montagnes russes, dont nous reparlerons plus tard. Un dernier demandeur est un indigent, ancien instituteur, et fils d’instituteur.

Quel est leur connaissance des colonies ?   

Onze des demandeurs ont séjourné à l’étranger. On peut distinguer les séjours à l’étranger dans un cadre civil et ceux dans le cadre de leur parcours militaire.

Dans les parcours civils, un des demandeurs a séjourné une dizaine d’années en Espagne, où il s’était réfugié après avoir déserté l’armée française. Il s’est marié en Catalogne et lorsqu’il a été amnistié, il est revenu s’installer en France.  Malgré sa désertion, sa demande est reçue favorablement par les autorités administratives. Deux des requérants ont voyagé, et se sont installés pendant plusieurs années en Amérique du Sud. Gustave CASTEL a travaillé pendant plus de quatre ans au Brésil et en Argentine et Paul PICQUEMAL a passé 5 ans en Argentine. Un autre a travaillé en Égypte et en Turquie.

Les autres requérants ont voyagé dans le cadre de l’armée.  Quatre demandeurs ont séjourné en Afrique du Nord, 3 en Algérie et 1 en Tunisie.  Trois demandeurs ont servi dans la marine. Pour l’un deux, on ne sait rien de son parcours. A la lecture de son dossier, on apprend seulement qu’il a obtenu une médaille de sauvetage.  Un autre a fait son service à Saïgon et le dernier a fait campagne au Tonkin et à Madagascar.  

Un dossier assez particulier

Dans les demandes de passage gratuit, nous avons la demande d’un homme dont la vie semble hors du commun. Il s’agit de Georges MARTEL. Il est né le 15 novembre 1834 à Mèze (Hérault). Il a donc 63 ans lorsqu’il fait sa demande, ce qui fait de lui le plus âgé des demandeurs. Son père était tonnelier. Il va recevoir une solide instruction, car le dossier mentionne qu’il a une instruction secondaire.

Vers 1854, il intègre l’armée. Il tire un mauvais numéro et doit faire 7 ans de service militaire. Il est intégré au sein du 45ème de ligne et devient sous-officier. Il va faire la campagne pour l’unification de l’Italie. Avec son régiment, il a participé à la bataille de Magenta en 1859 et obtiendra la médaille d’Italie. Il quitte l’armée en 1861 et se marie l’année suivante dans son village. Les deux premiers enfants naissent à Mèze et les deux suivant à Montpellier. Sur tous les actes, on dit qu’il est confiseur. Dans les années 1870 et 1880, il va voyager dans des pays du bassin méditerranéen comme l’Égypte et la Turquie.

Enquête sur la demande de Georges Martel.
Enquête sur Georges Martel

 

En 1897, il habite au n°1 de la rue Jeanne d’Arc à Montpellier et il est ... entrepreneur en montagnes russes ! L'enquête va révéler qu'il a trois fils. L'aîné, Antoine Charles MARTEL a 32 ans. Il est Lieutenant-trésorier au 13ème Régiment d'Infanterie de Marine à Tananarive. Le cadet, Bélisaire Albert MARTEL, 29 ans, exerce la profession de voyageur de commerce.  Le benjamin, Louis Paul MARTEL, 24 ans, vient de terminer son service militaire à Tunis. Georges veut il simplement retrouver son fils aîné à Madagascar ? Ou a t'il des projets professionnels sur place ? Le dossier ne nous le dit pas. Le préfet va simplement refuser sa demande, car "en raison  de sa situation de fortune, sa demande ne parait susceptible d'être favorablement accueillie".

On ne sait pas si Georges MARTEL est finalement venu à Madagascar. Mais ces trois fils ont eu une histoire avec l'île. L'aîné est resté quelques années dans l'armée. Il est reparti pour l'Europe et se marie en 1900 à Mèze (Hérault). Le cadet va venir à Madagascar et va y rester quinze ans. Lui aussi retournera en Europe et se mariera à Bordeaux en janvier 1913. Le benjamin va lui s'installer dans l'île. Il devient restaurateur à Tananarive où il se marie le 7 mai 1912, avec une malgache, dont il a déjà eu trois enfants, Valentin, Georges et Annette.

                Combien ont rejoint Madagascar ?

Si on compare la liste des demandeurs de l’Hérault, avec la liste des colons publiée dans le Guide-annuaire de Madagascar de 1901, on s’aperçoit que l’on retrouve 5 noms : 

  • CASTEL, un employé de commerce installé à Vatomandry, sur la côte Est.
  • DUFFOUR, un colon installé à Manjakadriana, sur le plateau.
  • d’ESPAGNAC, un commerçant installé à Vohémar sur la côte nord-est. Il ne s'agit pas du demandeur, car ce commerçant est de nationalité anglaise.
  • MARTEL. On trouve trois MARTEL : un colon agriculteur à Arivonimamo, un gérant du Cercle Français à Tananarive ainsi qu'un restaurateur. Ce dernier est certainement le fils du pétitionnaire. On peut même penser que le gérant du Cercle Français pourrait être son frère. 
  • NICOLAS, un planteur à Sainte-Marie et un propriétaire à Diego-Suarez. 
         L'annuaire ne donnant pas les prénoms des colons, il est difficile de savoir si les colons installés en 1901 sont Gustave Castel, Bernard Duffour et Célestin Nicolas, les pétitionnaires de l'Hérault. La recherche sur Geneanet de ces personnes à Madagascar ne donne pas de résultats. On peut donc conclure que cette politique coloniale de peuplement a été un échec total, puisque sur les 56 demandes de l'Hérault et du Gard, aucun pétitionnaire ne s'est installé dans l'île. 

 

Tableau des pétitionnaires du Gard et de l'Hérault

Nom

Prénoms

Département

AUDIBERT

Félicien

Gard

BERLAN

Antoine

Gard

BONNET

Joseph

Gard

CAMUS

Charles

Gard

CASTAGNIER

Louis Joseph

Gard

CHALBOS

Casimir

Gard

CHAMBOREDON

Henri

Gard

COUDERC

Marius

Gard

DADRE

Ernest

Gard

DARBOUSSET

Isidore

Gard

FOSSE

Jean

Gard

GIBERT

Jean

Gard

GINOUX

 

Gard

JALABERT

Louis

Gard

JAUNET

René

Gard

NIEL

Frédéric Marius

Gard

PICHAMP

Régis

Gard

PUECH

Albin Arthur

Gard

REGEAU

Edouard

Gard

RIBIERE

 

Gard

ROUVIERE

Clovis

Gard

ROUVIERE

Antoine

Gard

SERVIERE

Claude

Gard

SOURD

Alfred

Gard

TONDUT

Paul

Gard

VALLADIER

Joseph

Gard

AMIEL

Faustin

Hérault

AUBRESPY

Marie Louis Gaston Aristide

Hérault

BELOT

Elie

Hérault

CALAS

Augustin

Hérault

CASTEL

Gustave

Hérault

CAZAL

Joseph

Hérault

CRESENSAC

Paulin

Hérault

CROS

Emilien

Hérault

DUCROS

Jean

Hérault

DUFFOUR

Bernard

Hérault

ESPAGNAC

Philippe

Hérault

FEUILLERAT

Louis

Hérault

FOULQUIER

Eloi

Hérault

GACHES

Marius

Hérault

GILLY

Numa

Hérault

GRAFFAUD

Elie

Hérault

GRANIER

Léon

Hérault

GRANIER

Adrien

Hérault

ICHE

Armand

Hérault

LACOMBE

Guillaume

Hérault

LAGAYE

Gustave Alexandre

Hérault

MARTEL

Georges

Hérault

MOMUS

Nicolas

Hérault

NICOLAS

Célestin

Hérault

OULIE

Etienne

Hérault

PARSI

Philippe

Hérault

PICQUEMAL

Paul

Hérault

TOURENC

Raymond

Hérault

TOURNIE

Emile

Hérault

 

Le recensement de Tananarive de 1931

                 Les Archives Nationales de Madagascar conservent de nombreux recensements de l'année 1931. Celui de Tananarive occupe h...