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Le guide annuaire de Madagascar de 1901

 

Dès la conquête de l’île en 1895, les autorités coloniales vont réquisitionner l’imprimerie royale d’Antananarivo, pour imprimer les textes et règlements officiels, ainsi qu’un certain nombre de publications officielles. 

Les guides-annuaires de Madagascar et Dépendances

Parmi ces publications, on trouve les "Guide-annuaire de Madagascar et Dépendances". Les Archives Nationales de Madagascar conservent les éditions de 1899 à 1919 ainsi que quelques exemplaires dans les années 1920 et 1930 (sur Gallica, l’exemplaire le plus ancien, date de 1905).

Dans ces ouvrages, on y décrit l’ensemble de l’organisation administrative de l’ile de Madagascar, avec l’ensemble des services administratives (comprenant la liste des fonctionnaires de l’île), les divisions territoriales de l’ile, avec des descriptions sur les productions agricoles, minières, industrielles ainsi que les possibilités de développement économique de ces régions. Elle comprend enfin une liste de colons, d’hommes et de femmes venant de l’extérieur, installés à Madagascar.

 

Couverture du guide annuaire de Madagascar de 1901


J’ai fait un dépouillement des listes de colons que nous trouvons en 1901 (qui sont établis par région administrative). Cette année-là, on recense 2237 colons installés dans l’île, composé de 2207 hommes et de seulement 30 femmes ! On peut noter que seules les veuves et les femmes ayant un commerce ou une activité économique dans l’île sont enregistrées dans cet annuaire. 

Maintenant, d’où viennent ces colons ? L’annuaire les recense par nationalité. Mais ce sont les nationalités du début du 20ème siècle. Elles ne correspondant pas aux nationalités actuelles. De plus, suivant les régions, l’annuaire classe les colons sous des nationalités différentes. Par exemple, on ne trouve que trois Mauriciens dans cet annuaire, tous dans la région d’Ankazobe. Or, on sait que les colons Mauriciens sont beaucoup plus nombreux. Il est donc certain que les Mauriciens des autres régions de Madagascar, sont enregistrés, soit sous la bannière des « Anglais » soit sous celle des « Anglais et sujets anglais »

 

Quelles sont les « nationalités » que l'on retrouve dans le guide-annuaire de 1901 ?  

 

  • 2 Africains :  Ils sont installés dans la région d’Analalava sur la côte Nord de Madagascar. « Africain » n’est pas une nationalité. Elle indique simplement une origine géographique un peu vague. On peut cependant émettre une hypothèse sur l’origine de ses deux colons. Les deux personnes portent des noms musulmans et on peut supposer que ces deux hommes viennent de la côte africaine de Tanzanie, du Kenya ou de Somalie, régions qui ont été islamisées au cours des 15ème aux 19èmes siècles.

 

  • 29 Allemands : Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire. Ils travaillent, presque tous, dans le commerce (employés, commerçants, négociants ou représentant de sociétés commerciales). On ne trouve qu’un seul Allemand qui se déclare colon dans la région de Mananjary, sur la côte sud est de Madagascar.

 

  • 3 Américains : un colon à Betafo, dans l’actuelle Vakinkaratra, et deux commerçants à Ambositra et Andovoranto. Ces trois colons doivent être très isolés et, s’ils sont restés, ont du certainement s’assimiler au reste de la communauté européenne.

 

  • 308 Anglais : c’est la troisième communauté numériquement, mais si on ajoute, ceux qui sont considérés comme des sujets anglais, c’est la deuxième communauté. Beaucoup de noms, sont des noms à consonance française : on trouve des, de Lastelle, Petit, Rioux, Lecordier, Thevenet … Ces noms à consonance française, qui représente globalement, près des deux tiers des noms présents dans l’annuaire, proviennent certainement de l’île Maurice, ancienne colonie française, devenue anglaise en 1815.  On y trouve aussi des prénoms servant de noms de famille (Jean-Louis, Louis, Leon, Julius …). Ce sont très certainement des descendants d’esclaves, devenus libres en 1833.

 

  • 72 Anglais et sujets : La moitié des noms que nous trouvons dans ces listes, sont des noms provenant du sous-continent indien. D’où viennent les autres ? Il faudrait faire une étude poussée sur le sujet pour le savoir.

 

  • 1 Anjouanais : Anjouan est l’une des iles des Comores. Pourquoi n’a-t-il pas été classé avec les Comoriens ?

 

  • 6 Austro-Hongrois : Dans l’annuaire, on trouve 4 autrichiens et 2 Hongrois. Je les ai regroupés car en 1900, ils sont des sujets du puissant Empire d’Autriche-Hongrie. Il y a trois commerçants, un agent d’une société commerciale française ainsi qu’un prospecteur et un colon.

 

  • 3 Belges : Deux Belges sont recensés à Fianarantsoa et le dernier à Farafangana, sur la côte sud-est de Madagascar.

 

  • 121 Chinois : c’est une des plus importantes communautés de l’ile. Ils travaillent surtout dans le commerce (81 d’entre eux sont des employés de commerce, négociants, commerçants ou commis). On peut y ajouter 28 épiciers.

 

  • 45 Comoriens : Ils sont installés sur les côtes Nord de Madagascar (régions de Maintirano, Mahavavy et Analalava). Certains d’entre eux sont probablement installés depuis plusieurs décennies à Madagascar.

 

  • 2 Égyptiens : Sont-ils vraiment égyptiens ? Les deux personnes recensées comme égyptiennes, portent des noms à consonance germanique. Ce sont plus probablement des descendants de commerçants ou de négociants allemand installés en Égypte depuis plusieurs décennies. Ils sont probablement venus développés leurs affaires dans l’île.

 

  • 1205 Français : les Français ne représente qu’un peu plus de la moitié du total des colons de Madagascar (54%). Quelles sont les origines géographiques de ces Français ? Sont-ils tous des métropolitains ? Il est à peu près certain que non. Dans la liste des nationalités, on ne trouve pas de Réunionnais. Pourtant la présence réunionnaise est très importante à Madagascar. Représentent-ils un tiers, la moitié ou les deux tiers des Français présents à Madagascar en 1901 ?  Il faudrait faire une étude approfondie sur les origines de ces colons pour le savoir.   

 

  • 86 Grecs : C’est une communauté assez importante. Ils sont installés principalement dans la capitale (22) et sur la côte ouest de l’île.

 

  • 1 Hollandais : c’est un colon installé à Mananjary sur la côte sud-est de l’île.

 

  • 316 Indiens : Ils auraient pu être recensés dans la rubrique des sujets anglais. Mais dans la plupart des régions, ils sont recensés comme « Indien ». Ils sont présents dans toutes les régions de l’île et travaillent essentiellement dans le commerce et dans le négoce. On ne trouve qu’un indien exerçant une profession artisanale. Il s’agit d’un tailleur à Tuléar.

 

  • 1 Irlandais : c’est un charpentier résidant à Majunga.   

 

  • 2 Italiens : Ils ne portent pas de nom typiquement italien, mais plutôt un nom à consonance francophone (Maigrot).  Ils résident sur la côte nord-est de Madagascar à Maroantsetra et Vohémar. Ils sont planteur et concessionnaire forestier. Ce sont probablement deux frères qui venus ensemble à Madagascar.

 

  • 3 Mauriciens : Ils auraient dû être classés dans la catégorie des sujets anglais. Ces trois Mauriciens sont négociants à Ankazobe.

 

  • 4 Mayottais : Ce sont tous des commerçants de la région d’Analalava, sur la côte nord de Madagascar. Comme l’Anjouanais, on aurait dû les retrouver avec les Comoriens.

 

  • 3 Portugais : Ce sont des gens qui portent des noms musulmans. Il est peu probable qu’ils viennent d’Europe. Ils viennent très certainement du Mozambique, colonie portugaise depuis le 16ème siècle, située en face de l’île de Madagascar. Ces trois Portugais vivent et travaillent à Maintirano, petit port malgache, situé sur le canal de Mozambique.

 

  • 10 Suisses : Ils se sont principalement installés sur la côte sud-est de Madagascar : on trouve trois suisses à Mananjary, deux à Fort-Dauphin, deux à Tamatave et un à Vatomandry.

 

  • 6 Syriens : Ils désignent des gens provenant de la région de la Syrie, regroupant les pays actuels de la Syrie et du Liban. Ce sont des sujets turcs. Deux des noms sont à consonance musulmane, quatre sont des noms à consonance chrétienne.

 

  • 1 Tunisien : C’est un commerçant résidant à Maintirano, dans l’actuel Melaky.

 

  • 8 Turcs : Ce sont des sujets de l’empire ottoman, qui en 1901, occupe une petite partie des Balkans, l’Anatolie, l’Irak, la Syrie/ Palestine ainsi que les lieux saints de l’islam. Trois des colons ont des noms à consonance grec. Ils sont probablement originaires de la capitale ou de la côte égéenne de l’Anatolie. Pour les autres, il est difficile de déterminer une origine.

 

Cette répartition par nationalité n’est pas très précise. Nous avons vu que des gens ayant les mêmes origines sont répertoriés différemment selon les régions administratives dont ils dépendent. Mais surtout, elle ne donne pas la véritable origine des colons. Ces français sont-ils des européens nés en Europe ou des Réunionnais ? Les Anglais sont-ils natifs d’Angleterre, d’Irlande, d’Écosse ou du Pays-de-Galles ou de l’île Maurice ou des îles voisines ? Avec ces annuaires, on ne peut le savoir. Pour déterminer l’origine réelle des colons, il est nécessaire de faire des recherches en utilisant d’autres sources d'archives. 

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L'état civil à Madagascar

 

L'état civil malgache 

L’état civil précolonial  

Il a commencé au temps de la reine Ranavalona II en 1878. Le gouvernement du premier ministre Rainilaiarivony (chef du gouvernement de 1861 à 1896), dans sa volonté de moderniser Madagascar, a donné des instructions aux Sakaizam-bohitra (chefs de villages) pour enregistrer les actes d’état civil des sujets de la Reine. On peut signaler trois articles de ses instructions générales : 

- L’article 34, qui prescrivait l’enregistrement des naissances avec la date précise, le nom des parents et le sexe de l’enfant. 

- L’article 38, qui prescrivait l’enregistrement des actes de mariage, avec le nom des époux, leur village d’origine et le nom des parents des époux. 

- L’article 48 concernait les décès et prescrivait de faire la distinction entre les hommes et les femmes, les militaires et les civils. 

Ces articles concernaient l’ensemble de la population de Madagascar, à l’exception des esclaves qui étaient exclus de cette réglementation. Trois ans plus tard, en 1881, le code de 305 articles essayait d'apporter quelques précisions pour l’enregistrement des actes. Mais dans un état sous-administré, qui contrôlait mal sa périphérie (et particulièrement les régions côtières), ces textes étaient très mal appliqués. De plus, les registres, qui ont été tenus, ont souffert d'une mauvaise conservation pendant des décennies. Aujourd’hui, ceux qui sont conservés, sont classés dans la série OO des Archives Nationales de Madagascar.

Avec la colonisation, l'île voit la mise en place d’un système dual avec un état civil européen et assimilés et un état civil indigène.

L’état civil des européens et assimilés

Il faut signaler que cet état civil existait avant le début de la colonisation de l’île de 1895. Il pouvait être assimilé à de l'état civil consulaire. Les registres de l’ile Sainte-Marie commence en 1823, ceux de Nosy-Be en 1841 et ceux de Tamatave en 1866 (pour plus de détails, voir le site des Archives Nationales d’Outre-Mer). Après la conquête de l’île, le système de l’état civil français va être importé à l’ensemble de l’île. Des registres vont être tenus dans toutes les villes, chef-lieu de district.

            Dans cet état civil des européens ou assimilés, on trouve bien entendu, les actes des Français et des autres européens installés dans l’île (anglais, italiens, grecs …), mais aussi les actes d’état civil des autres nationalités non européennes. On trouve des actes d’état civil pour des moyen-orientaux (Libanais, Syriens …), chinois ou les sujets relevant de la couronne britannique, comme les Indo-pakistanais. (ci-bas, acte de décès à Tamatave en 1910, vue 155, d’Ah Hinc, chinois, natif de Canton, âgé de 32 ans – A.N.O.M). http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/osd.php?territoire=MADAGASCAR&commune=TAMATAVE&annee=1910

 

Acte de décès d'un chinois à Tamatave

            De 1895 à 1960, les registres sont tenus en triple exemplaire. Le premier exemplaire est conservé au chef-lieu de district. Le second exemplaire devait être conservé au Tribunal de première instance de la région et le dernier exemplaire, devait être remis aux autorités coloniales à Antananarivo. C’est ce dernier exemplaire qui est désormais conservé à Nantes. Les deux autres exemplaires sont restés à Madagascar.

            Ces registres d'état civil ont été numérisés.  Vous les trouverez sur le site des Archives Nationales d'Outre-Mer. Ils sont en ligne jusqu’en 1917

 

L’état civil indigène 

        Le gouvernement colonial se base sur les ordonnances de 1878 pour construire sa législation sur l'état civil autochtone. La première modification de ces ordonnances date de 1896. Elle est liée à l’abolition de l’esclavage à Madagascar. L’ordonnance du 15 octobre 1896 impose la régularisation de leur situation et l’enregistrement des actes des anciens esclaves dans les registres. Une circulaire de 1901 va rapprocher la tenue des registres indigènes de la tenue des registres européens à travers plusieurs mesures :

-          Chaque feuille doit être côté et paraphé par le chef de district.  

-          Les registres doivent être tenus en double exemplaire.

-          Pour une meilleure conservation des registres, les chefs de districts doivent prévoir un endroit pour mettre les registres à l’abri des détériorations. 

        Les limites administratives étant parfois un peu floues, un décret de mars 1902 va préciser que ce sont les cantons qui sont la base territoriale des registres. Ce système va fonctionner pendant une quarantaine d’années, sans aucun changement.

Mais à la veille de la seconde guerre mondiale, deux arrêtés des 6 juin et 19 décembre 1939 vont refondre le système de l’état civil autochtone ou indigène. La langue de rédaction des actes devient le français.  Les dates et indication de lieu évolue pour une plus grande précision. Pour les remariages, les liens avec les anciens conjoints sont mieux connus, avec l’exigence d’un acte de naissance ou d’un acte de notoriété. Une des nouveautés importantes est la mise en place de tables quinquennales, qui seront établies en triple exemplaire, par le secrétaire du Tribunal Indigène de premier degré, dans les mêmes formes que les tables annuelles. Un premier exemplaire sera conservé au centre d’état civil indigène. Un second exemplaire sera conservé au secrétariat du tribunal indigène et le dernier exemplaire sera déposé aux archives du gouvernement général (article 5). Ces arrêtés introduisent aussi le livret de famille qui sera remis gratuitement aux conjoints, au moment de l'enregistrement du mariage (article 36).

 

Arrête sur l'état cuivil indigène à Madagascar


Les mentions marginales s’appliquent dans les deux états civils. Elles sont au nombre de six. Il y a les mentions marginales de mariage, de décès (depuis 1931 dans certaines communes), de divorce, d’adoption, de changement de nom ainsi que de rejets.

Le métissage est devenu très vite une réalité à Madagascar. On peut se poser la question de savoir si les métis sont enregistrés dans l'état civil européen ou dans l'état civil indigène ? La réponse dépend de la reconnaissance par son père. Si l’enfant est reconnu par son père (il devait obligatoirement être célibataire car si le père était marié en Europe, il n'avait pas le droit de reconnaître un enfant né d’une union libre), on trouvera son acte de naissance dans les registres des européens et assimilés. S’il n’était pas reconnu par son père, sa naissance était enregistrée dans les registres des autochtones. 

Il pouvait être transcrit plus tard, en cas de reconnaissance tardive du père ou en cas d’acquisition de la nationalité française. Les actes de mariages entre malgaches et les européens et assimilés sont eux, enregistrés dans l’état civil des européens et assimilés. Sur ce sujet du métissage dans l’Imerina, on peut lire la thèse de Violaine TISSEAU sur le métissage dans l’Imerina (aux éditions Karthala). Ce sujet du métissage fera l’objet d’un article dans les prochaines semaines.

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Le recensement de Tananarive de 1931

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