Le recensement de Tananarive de 1931

             Les Archives Nationales de Madagascar conservent de nombreux recensements de l'année 1931. Celui de Tananarive occupe huit cartons d’archives. Dans l’inventaire de la série Statistique, on trouve la description suivante :

  •          Stat 76 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens A à B)  »

  •           Stat 77 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens C à H)  »

Stat 77

  •          Stat 78 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens K à Z)

  • -          Stat 79 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens).

  • -          Stat 80 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens).

  • -          Stat 81 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (militaires et familles).   

  • -          Stat 82 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens caserne Fiadanana).

  • -          Stat 83 : « Recensement de la population de la province de Tananarive (européens, palais du premier ministre, Prison civile, mission catholique, Internes du lycée Gallieni).   

  J’ai étudié les trois premiers cartons dans lesquels nous trouvons 1692 personnes. 

    Quelques lacunes

            Les recensements ne sont malheureusement pas complets. Certaines lettres sont absentes ou presque des cartons. Ce sont les lettres C à F (du carton Stat 77) et M à R (du carton Stat 78). Combien cela représente-t-il de personnes ? Probablement entre 500 et 1000 personnes. Si vous recherchez des personnes dont les noms commencent par ces lettres, l'espoir de les retrouver n'est pas perdu. Par exemple, dans la liasse Stat 77, on trouve 42 feuilles individuelles d’individus dont les noms commencent par les lettres lacunaires (C, D, M, N, O, P …). Si les épouses et les veuves sont inscrites sous leur nom marital (dans la note explicative, on précise bien que les épouses doivent inscrire le nom de leur mari et non pas son nom de jeune fille !), les neveux, nièces, belle-mère, belle-sœur sont inscrits avec leur nom de naissance.

La femme mariée inscrira le nom de son mari

    Comment se présente le recensement de 1931 ?

Pour les généalogistes amateurs, ces recensements ne se présentent pas de manière classique sous forme de tableau. Il n’y a pas de grand registre avec la liste des personnes recensés par rue, par famille. On trouve deux types de documents, qui ont été rempli par les recensés eux-mêmes : les feuilles de ménage et les feuilles individuelles :

  •      Les feuilles de ménage, de couleur jaune, donnent les informations suivantes : nom du chef de ménage, son adresse, sa profession, le nombre de pièces de l’habitation ainsi que le nombre de personnes membres du foyer, avec leur âge et leur position dans le ménage. 

    

Feuille de ménage

  •      Les bulletins individuels, de couleur rose, donnent des informations sur chaque membre du foyer, y compris parfois, des informations sur les enfants très jeunes ainsi que les nouveau-nés. On y trouve la date et le lieu de naissance de la personne, sa situation matrimoniale (célibataire, marié, veuf/veuve), la date du mariage, plus ou moins précise, le nombre d’enfants vivants et morts, avec leur âge et leurs prénoms. Il y a des informations sur la nationalité des recensés. Enfin, on trouve aussi des informations sur le niveau d’éducation avec une question pour les recensés pour savoir s’ils savent lire et écrire. 

 

      Quels intérêts généalogiques et historiques ?

     Ce recensement de 1931 apporte de nombreux renseignements sur les familles européennes de Tananarive.

Ainsi, nous pouvons reconstituer facilement,  le parcours de vie de certaines familles. Dans ce recensement, on trouve la famille GORNE. Le père travaille dans l'administration coloniale. Il est né en 1884 à Carcassonne dans l’Aude. La mère est institutrice et est native du département de la Gironde. Ils se marient en 1905. En 1931, le couple a 5 filles. Les deux premières sont nées à Tuléar, sur la côte sud-ouest de Madagascar. La troisième est née à Carcassonne, probablement lors d’un séjour familial en France. La quatrième est née à Ambositra sur le plateau central entre Antsirabe et Fianarantsoa. Enfin, la dernière est née à Tananarive ! Ce recensement nous permet donc de retracer le parcours professionnel d’Édouard François GORNE. 

Un élément d'information important pour le généalogiste, et qu'on ne retrouve pas dans des recensements classiques, ce sont les dates de mariages.  Dans les instructions, on pose la question : "En quelle année vous êtes-vous marié? Indiquer s'il a lieu, les années de mariages successifs". La plupart des recensés vont remplir consciencieusement le formulaire. Mais certains font du zèle et donnent la date exact de leur mariage. André GANDELIN, natif de Saint-Jean d'Angely, indique qu'il s'est marié en 1916, en 1926 et en 1929. Il a un fils de 6 ans, qui est donc né, avant son deuxième mariage. Son épouse, Thérèse, s'est mariée en 1910 et en 1929. Elle a deux enfants de 17 et de 15 ans, qui ne vivent pas dans le foyer. Sont-ils avec leur père ou en pension quelque part en France ? Le recensement ne nous l'indique pas. C'est l'exemple d'une famille recomposée.

On trouve des informations qui permettent de faire une photo d'une famille à un instant T. Sont parfois mentionnés les enfants qui ne vivent plus au foyer familial. Dans la famille BAUDY, dont le père est militaire, on découvre que le fils aîné, âgé de 20 ans, fait ses études à Paris et que le cadet de 18 ans, est militaire. Les deux enfants ne vivent plus dans la capitale malgache

Autre cas, celui de l'adjudant Emmanuel GARAÏOS. Originaire de Saint-Pierre de la Réunion, il est âgé de 33 ans. Il est recensé avec ses trois enfants de 10, 9 et 7 ans et sa concubine. Les enfants sont donc recensés avec leur père, mais celui-ci, lorsqu'il a rempli sa fiche a écrit la phrase suivante   "A toutes fins utiles, je vis séparé de ma femme dont le divorce n'est pas encore prononcé. Les enfants sont avec leur mère à Mahamasima. Je vis maritalement avec la dame Françoise BELMONTE". Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les enfants ne vivent pas avec leur père, mais avec leur mère.

Les malgaches dans le recensement des européens

Les malgaches, ou les franco-malgaches apparaissent à différents niveaux. Ils sont mentionnés comme domestiques, comme dans le foyer de la famille GUIMBEAU qui fait travailler quatre domestiques malgaches ou l'instituteur GOARIN qui n'en a qu'un. Les femmes malgaches apparaissent parfois comme compagne ou "mère indigène", comme RANOVAVELO, la compagne de Joseph BRISSAC ou ADELINE, la compagne de Noël BENADET . Mais on les retrouve parfois en tant que chef de famille. Ainsi, on trouve le recensement du chirurgien dentiste Benjamin ANDRIAMADY et son épouse Marguerite, ou cette veuve JULLY, âgée de 60 ans, que l'on trouve recensé avec son nom de jeune fille, RABESAKA ANDRIANA.Ces deux malgaches ont certainement été naturalisés dans les années précédentes.

Le recensement de Tananarive, et de la plupart des recensements de Madagascar, donnent souvent, plus d'informations sur nos ancêtres, que les recensements classiques que nous trouvons en France : date du ou des mariages, nombre total des enfants et leur âge, mention de naturalisation, de jugement de reconnaissance ... Je vais terminer cet article sur quelques "perles" que l'on peut trouver. Les recensés montrent parfois des signes d'agacement. Un ingénieur qui doit répondre à la question " Savez vous lire et écrire ?" écrit : "Oui, je suis ingénieur !". Ou ce célibataire qui ajoute "toujours" au mot célibataire. Est-ce un regret ? Je n'en suis pas certain !   

 

Pour plus d'informations, merci de me contacter par mail cfd@genealogiste.pro 

 

 

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